Augustin d’Hippone
Relire… Les Confessions – XXXII
Seigneur mon Dieu, sois attentif à ma prière. Prends en pitié mon désir. Il ne brûle pas que pour moi, mais veut être utile à l’amour fraternel. Tu vois dans mon coeur que c’est bien ça. Je veux Te faire le sacrifice de la soumission de ma pensée et de ma langue. Donne-moi de quoi faire mon offrande. Je suis impuissant et pauvre, et Tu es riche avec tous ceux qui T’appellent. Jamais inquiet, Tu prends soin de nous. Circoncis mes lèvres de toute audace, de tout mensonge, à l’intérieur comme à l’extérieur. Fais de Tes Ecritures mes purs délices. Pour ne pas me tromper sur elles et ne pas tromper les autres. Seigneur, soit attentif et prends pitié.
Seigneur mon Dieu, à la fois lumière des aveugles, force des infirmes, lumière des voyants et force des forts. Sois attentif à moi. Entends-moi crier des profondeurs. Si Tu n’es pas là, si Tu n’écoutes pas dans les profondeurs, où aller? vers quoi crier?
Ta voix, c’est ma joie. Ta voix plus que l’afflux des plaisirs. Donne ce que j’aime. Que je puisse aimer est déjà un don de Toi. N’abandonne pas ce que Tu as donné. Ne laisse pas Ta plante mourir de soif. Je veux T’avouer tout ce que j’aurai découvert dans Tes livres. Entendre la voix de gratitude. Te boire et mesurer l’étonnement de Ta loi, depuis le commencement où Tu as fait le ciel et la terre, jusqu’au royaume sans fin avec Toi dans Ta ville sainte.
Seigneur, prends pitié de moi et exauce mon désir.
Saint Augustin, Les aveux / Les confessions (P.O.L, 2013)
image: Saint Augustin et le mystère de la sainte Trinité, Eglise catholique du Tarn / France (catholique-tarn.cef.fr)