Augustin d’Hippone
Relire… Les Confessions – XXXVII
Je T’appelle mon Dieu mon amour, Tu m’as fait. Je T’oubliais, Tu ne m’oubliais pas. Mon moi T’appelle, Tu le prépares à T’accueillir, Tu inspires son désir. Je T’appelle maintenant, ne m’abandonne pas. Je T’appelle, Tu m’as devancé. Appels urgents, fréquents en tous genres. Je les entends de loin. Je reviens. Tu m’appelles. Je T’appelle.
Oui Seigneur, Tu as effacé tout ce que j’ai fait de mal pour ne pas punir mes mains qui m’ont séparé de Toi. Tu as devancé tout ce que j’ai fait de bien, pour récompenser Tes mains qui m’ont fait. Tu étais avant que je sois. Je n’étais pas. Tu n’avais pas à me garantir d’être, et pourtant je suis. C’est Ta bonté qui a devancé tout ce que Tu m’as fait, tout ce dont Tu m’as fait.
Non. Tu n’avais pas besoin de moi. Je n’ai rien de bien qui aurait pu T’aider. Mon Seigneur, mon Dieu. Rien pour Te servir comme soulager Ta fatigue dans l’action. Privée de moi, Ta puissance n’aurait pas faibli. Je n’ai pas à Te cultiver comme une terre. Si je ne Te cultive pas, Tu ne deviens pas terre inculte. Je suis Ton esclave. Tu es mon culte.
Le bien me vient de Toi. L’être me vient de Toi qui me fais être. Moi, le destinataire du bien. Ta créature résiste. C’est un acte de Ta grande bonté.
Saint Augustin, Les aveux / Les confessions (P.O.L, 2013)
image: Saint Augustin et le mystère de la sainte Trinité, Eglise catholique du Tarn / France (catholique-tarn.cef.fr)