Chemins de traverse – 85 / Fiodor Dostoïevski

Fiodor Dostoïevski

Demandez-leur, demandez-leur seulement comment tous, sans exception, ils comprennent le bonheur? Ah! soyez certains que ce n’est pas quand il a découvert l’Amérique, mais quand il a été sur le point de la découvrir que Colomb a été heureux. Soyez persuadés que le moment culminant de son bonheur s’est peut-être placé trois jours avant la découverte du Nouveau Monde, lorsque l’équipage au désespoir s’est rebellé et a été sur le point de faire demi-tour pour revenir en Europe. Il ne s’agissait pas ici du Nouveau Monde, qui aurait pu s’effondrer. Colomb est mort l’ayant à peine vu et sans savoir, au fond, ce qu’il avait découvert. Ce qui compte, c’est la vie, la vie seule; c’est la recherche ininterrompue, éternelle de la vie, et non sa découverte!

Fiodor Dostoïevski, L’Idiot, suivi de: Humiliés et Offensés (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1977)

image: http://www.canoe-ariege.com

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