Morceaux choisis – 474 / Marie-Madeleine de Pazzi

Marie-Madeleine de Pazzi 

Ecoute, Ma petite fille, ce que Je vais te dire pour que tu le comprennes mieux. J’agis comme ferait un père qui aurait deux fils dont l’un, pour un méfait, serait mis en prison. Comme il veut en sortir à l’insu des gardiens, il faut qu’on lui procure une échelle de cordes, munies de crochets aux deux bouts, afin qu’elle reste bien tendue. Et ainsi, l’appliquant au mur, il y monte, il échappe au danger de la prison et trompe ses gardiens. C’est exactement ce que Je fais à cette âme prisonnière du péché: Je lui tends l’échelle afin qu’elle puisse sortir de péril et échapper au mal. Tu sais que l’échelle a deux montants où s’appuie celui qui la gravit. Le premier représente la connaissance de la grandeur de Dieu; l’autre, la connaissance de sa bonté; Je les donne à l’âme pécheresse afin que, connaissant Ma grandeur et Ma bonté sans mesure, elle espère que Je la recevrai quand elle viendra à Moi. Les degrés de cette échelle sont Mes vertus: l’âme qui les gravit n’a point à douter de son salut. Les deux crochets aux deux bouts par où s’attache l’échelle sont: celui du bas, l’humilité intérieure et extérieure; celui du haut, l’amour et la crainte filiale, et la paroi où s’appuie cette échelle est la sainte croix.

L’âme, en montant par cette échelle, trompe finalement les gardes de la prison, qui sont les démons de l’enfer. Ma petite colombe, ma chère petite épouse, pour te montrer de combien de manières Je tire à Moi la créature, dans No n grand amour, Je te dirai encore ceci. Je me comporte comme un père dont le fils devait aller en pèlerinage, loin de sa patrie. Le Père, qui a déjà fait autrefois ce voyage, sait que sur la route se cachent de grandes fosses couvertes d’herbe verte, et bien d’autres dangers, dans lesquels le Fils, qui les ignore, peut tomber et mourir. Le Père ne pouvant quitter sa patrie et l’accompagner, que fait-il? Il envoie avec lui un de ses serviteurs, et le prévient exactement de tous les dangers qu’on rencontre en ce voyage. Le serviteur, qui ne l’a jamais fait, ne connaît pas les dangers comme son maître; toutefois, à cause de l’amour qu’il lui porte, il suffit que le maître les lui signale pour qu’il parte en toute confiance avec le Fils.

Le Père envoie encore avec son Fils un frère ou un ami qui a déjà fait ce voyage, de sorte que le Fils à moins de se jeter de lui-même dans la fosse étant si bien gardé et prévenu, ne peut en aucune manière y tomber. Mais si, comme je l’ai dit, il s’y jette volontairement, le malheureux s’en trouve très triste et affligé, n’ayant aucun moyen de s’en tirer. Or le bon serviteur, quand il voit la chute du malheureux, ne peut s’empêcher de l’aider en raison de son amour pour son maître, et déplie tous ses efforts pour le tirer de la fosse et l’arracher à ce péril.

Afin qu’elle marche plus sûrement, je lui donne encore pour compagnon un de mes frères ou amis, qui ayant fait comme moi ce voyage, en connaît très bien les dangers. Ce frère ou cet ami, ce sont mes saints qui ont bien cheminé en ce monde, au milieu de très grands dangers, et les ont tous dépassés avec l’aide de ma grâce. C’est pourquoi j’en envoie souvent un au secours d’une âme, sans qu’elle l’ait choisi elle-même, car beaucoup choisissent un saint protecteur qu’elles vénèrent particulièrement. L’âme, bien protégée par ces gardiens et prévenue des dangers, ne peut tomber dans les fosses et les abîmes des péchés, si ce n’est de sa propre volonté. Et si elle y tombe, la malheureuse se voit très misérable en ce gouffre dont elle ne sait ni ne peut trouver l’issue. Mais le serviteur qui l’accompagne, l’ange gardien que je lui ai donné, à cause de l’amour qu’il me porte, cherche tous les moyens, toutes les manières possibles de tirer cette âme du péché, de cette profondeur dangereuse qui conduit à la mort éternelle, en l’aidant de ses continuelles inspirations.

Marie-Madeleine de Pazzi, Les 40 jours (voiemystique.free.fr)

image: Church of San Frediano in Cestello, Florence / Italy (stmagdalen.org)

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