Chemins de traverse – 182 / Juana Inès de la Cruz

Juana Inès de la Cruz

Dehors, dehors, mon angoisse;
que le respect ne t’immobilise pas:
car c’est louange à la peine
que perdre la crainte des maux.

Que la douleur sorte à grands cris
si elle veut montrer sa grandeur,
et qu’on la croie insupportable
ne pouvant pas se cacher.

Jaillissent des signes dans la bouche
de ce que le coeur brûle,
car personne ne croira à l’incendie
si la fumée ne donne des signes.

Qu’à empêcher le cri ne soit
le respect suffisant;
car il n’est pas très courageux le prisonnier
qui ne brise pas la prison.

Qui estime son souci,
ne taise ses sentiments;
car c’est offenser le motif
que ne pas exhiber la douleur.

Plus grande est ma peine que moi;
et ceci posé, il sera plus facile
qu’elle me vainque moi,
plutôt que je la domine.

Soeur Juana Inès de la Cruz, Poèmes d’amour et de discrétion (La Délirante, 1987)

image: Inconnu / signé J.Sanchez, Juana Inès de la Cruz, XVIIe siècle (http://commons.wikimedia.org)

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