Charles Delhez

Ce Dieu inutile – XXV

Tout peut devenir sanctuaire sacré de la rencontre de Dieu, mais à condition que nous désirions vraiment aimer toujours davantage, car il n’y a d’amour que dans un continuel dépassement. Saint Augustin invitait ses chrétiens à ne pas préférer la bague au fiancé! Merveilleuse bague sertie des splendeurs de la création. L’océan s’y mire avec ses plages délicieuses. Le soleil aux mille coloris éclabousse de clarté nos joies diurnes avant de laisser la scène au ballet lunaire avec son cortège d’étoiles. Majesté des grandes plaines et des champs de blé, frisson sacré des hautes montagnes et fraîcheur des torrents qui les dévalent. Merveilleuse bague étincelante du sourire de nos amis, allégresse des visages que l’on embrasse et des amitiés qui se nouent, danses de fêtes et rires de retrouvailles, incomparable bonheur des grandes randonnées et des interminables confidences, partages de moisson et chants de vendange… Mais tout cela n’est que la bague!

Tant que notre regard reste subjugué par l’éclat du diamant, nos yeux ne peuvent voir Celui qui nous l’a offert. Et le bijou, au lieu d’être le prisme de l’amour, en devient l’écran. Tant que la bague est symbole du fiancé, elle suscite en nous tendresse et affection pour lui. Mais quand on n’y voit plus qu’un joyau qui nous pare de beauté et nous met en valeur, le visage du bien-aimé s’évanouit et le cadeau de l’amour est devenu pierre d’achoppement. Les choses les meilleures peuvent devenir creuses et vides. Mais les choses les plus banales peuvent s’auréoler de la gloire divine.

Celui qui a perçu qui était Dieu ne peut plus Le mettre en balance avec tous les biens du monde, mais il accueille chaque créature en lui posant la question: Es-tu pour moi la présence du Dieu vivant?

Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)

image: Charles Delhez (cathobel.be)

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