Une étreinte de feu – 474 / Anselme de Cantorbéry

Anselme de Cantorbéry

Je cherche ton visage; c’est ton visage, Seigneur, que je cherche (cf. Ps 26, 9).

Je ne T’ai jamais vu, Seigneur mon Dieu, je ne connais pas Ton visage. Que peut faire, très haut Seigneur, que peut faire Ton lointain exilé? Que peut faire Ton serviteur tourmenté de Ton amour et rejeté loin de Ta face? Il aspire à Te voir, et Ta face est trop éloignée de lui. Il désire T’aborder et Ta demeure est inabordable. Il souhaite Te trouver et il ne sait où Tu es. Il ambitionne de Te chercher, et il ignore Ton visage. Seigneur, Tu es mon Dieu, Tu es mon Maître, et je ne T’ai jamais vu. Tu m’as créé et recréé, Tu m’as pourvu de tous mes biens, et je ne Te connais pas encore. Bref, j’ai été créé pour Te voir, et je n’ai pas encore réalisé ce pour quoi j’ai été créé.

Rends-nous Ta présence, pour notre bonheur, Toi dont l’absence est pour nous un tel malheur. Aie pitié de nos laborieux efforts vers Toi: nous qui ne pouvons rien sans Toi.

Enseigne-moi à Te chercher et montre-Toi quand je Te cherche; car je ne puis Te chercher si Tu ne me l’enseignes, ni Te trouver si Tu ne Te montres. En mon désir, que je puisse Te chercher, et, dans ma recherche, Te désirer; dans mon amour, que je puisse Te trouver et, en Te trouvant, T’aimer.

Anselme de Cantorbéry, Entretien sur l’existence de Dieu / extraits (aelf.org)

image: Genève, Suisse (2024)

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