La joie chrétienne – 5

Paul VI

La joie chrétienne – V

C’est l’homme en son âme, qui se trouve démuni pour assumer les souffrances et les misères de notre temps. Elles l’accablent d’autant plus que le sens de la vie lui échappe, qu’il n’est plus sûr de lui-même, de sa vocation et de sa destinée transcendantes. Il a désacralisé l’univers et maintenant l’humanité; il a parfois coupé le lien vital qui le rattachait à Dieu. La valeur des êtres, l’espérance, ne sont plus suffisamment assurées. Dieu lui semble abstrait, inutile; sans qu’il sache l’exprimer, le silence de Dieu lui pèse. Oui, le froid et les ténèbres sont d’abord dans le coeur de l’homme qui connaît la tristesse.

On peut parler ici de la tristesse des non-croyants, lorsque l’esprit humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et donc orienté instinctivement vers Lui comme vers son bien suprême, unique, reste sans Le connaître clairement, sans L’aimer, et par conséquent sans éprouver la joie qu’apportent la connaissance de Dieu, même imparfaite, et la certitude d’avoir avec Lui un lien que la mort même ne saurait rompre. Qui ne se souvient de la parole de saint Augustin: Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre coeur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en toi? (Les Confessions)

Paul VI, Exhortation apostolique Gaudete in Domino / La joie chrétienne (Cahiers de l’actualité religieuse et sociale, 1975)

image: Vierge et Enfant, XVe siècle (prunierauction.com)

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