Chemins de la contemplation – 28

Yves Raguin

Chemins de la contemplation – XXVIII

L’âme sait qu’en elle Dieu travaille. Mais Il travaille à une telle profondeur qu’elle ne peut y atteindre. Assise tout le jour au bord de l’abîme insondable qui s’est creusé en elle, elle attend. Elle attend la visite de Celui qui l’a réduite à cette extrémité. Parfois, Il vient. Tout à coup, il se fait dans l’âme une grande lumière. C’est un éclair qui accourt du fond de la nuit et illumine le désert.

Une lumière monte d’elle-même, une lumière qu’elle ne soupçonnait pas, une lumière qui s’est allumée au passage de Dieu… Elle ne pourra plus s’éteindre. Dieu est passé dans la nuit et la nuit est pour toujours illuminée. Mais cette lumière est d’une clarté toute particulière… C’est la clarté du mystère divin dans la nuit de la foi. Il n’y a pas d’autre moyen de la décrire. Elle ne peut l’être… Il n’est pas nécessaire de le faire… Ceux qui savent comprennent.

Le Seigneur est passé, Sa lumière a allumé une grande lumière dans l’âme. Le désert est toujours désert, la nuit toujours nuit… Mais l’âme a vu son Dieu; elle ne peut l’oublier. Jamais plus son désert ne sera pur désert, ni sa nuit, noire d’ébène.

Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)

image: Carmel du Pâquier, Suisse (2017)

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