Seigneur, apprends-nous à prier – 3

Benoît XVI

Seigneur, apprends-nous à prier – III

Aujourd’hui, je voudrais commencer un parcours biblique sur ce thème de la prière comme phénomène universel, qui nous aidera à approfondir le dialogue d’alliance entre Dieu et l’homme qui anime l’histoire du salut, jusqu’au sommet, à la parole définitive qui est Jésus Christ. Ce chemin nous conduira à nous arrêter sur certains textes importants et sur des figures exemplaires de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ce sera Abraham, le grand Patriarche, père de tous les croyants, qui nous offrira un premier exemple de prière, dans l’épisode de l’intercession pour les villes de Sodome et Gomorrhe.

On raconte que la cruauté des habitants de Sodome et Gomorrhe avait atteint son comble, au point qu’une intervention de Dieu était nécessaire pour arrêter le mal qui détruisait ces villes (Gn 18, 23-32). C’est là qu’intervient Abraham avec sa prière d’intercession. Dieu décide de lui révéler ce qui est sur le point de se produire et lui fait connaître la gravité du mal et ses terribles conséquences, car Abraham est Son élu, choisi pour devenir un grand peuple et faire parvenir la bénédiction divine à tout le monde. Sa mission est une mission de salut, qui doit répondre au péché qui a envahi la réalité de l’homme: à travers lui, le Seigneur veut ramener l’humanité à la foi, à l’obéissance, à la justice. Et à présent, cet ami de Dieu s’ouvre à la réalité et au besoin du monde, prie pour ceux qui s’apprêtent à être punis et demande qu’ils soient sauvés. La destruction de Sodome devait arrêter le mal présent dans la ville, mais Abraham sait que Dieu a d’autres manières et moyens pour mettre un frein à la diffusion du mal. 

En agissant ainsi, il met en jeu une nouvelle idée de justice: non pas celle qui se limite à punir les coupables, comme le font les hommes, mais une justice différente, divine, qui cherche le bien et qui le crée à travers le pardon qui transforme le pécheur, le convertit et le sauve. Avec sa prière, Abraham n’invoque donc pas une justice purement rétributive, mais une intervention de salut qui, tenant compte des innocents, libère de la faute également les impies, en leur pardonnant. 

Mais la miséricorde de Dieu dans l’histoire de son peuple s’élargit encore davantage. Si pour sauver Sodome il fallait dix justes, le prophète Jérémie dira, au nom du Tout-Puissant, qu’il suffit d’un seul juste pour sauver Jérusalem (Jr 5, 1). Le nombre a encore diminué, la bonté de Dieu se montre encore plus grande. Et pourtant cela ne suffit pas encore, la miséricorde surabondante de Dieu ne trouve pas la réponse de bien qu’elle cherche, et Jérusalem tombe sous l’assaut de l’ennemi. Il faudra que Dieu Lui-même devienne ce juste. C’est le mystère de l’Incarnation: pour garantir un juste Il se fait homme. Le juste sera toujours là puisque c’est Lui: mais il faut que Dieu lui-même devienne ce juste. L’infini et surprenant amour divin sera pleinement manifesté lorsque le Fils de Dieu se fera homme, le Juste définitif, le parfait Innocent, qui apportera le salut au monde entier en mourant sur la croix, en pardonnant et en intercédant pour ceux qui ne savent pas ce qu’ils font. Alors la prière de chaque homme trouvera sa réponse, chacune de nos intercessions sera alors pleinement exaucée.

Que la supplique d’Abraham, notre père dans la foi, nous enseigne à ouvrir toujours davantage notre cœur à la miséricorde surabondante de Dieu, pour que dans la prière quotidienne nous sachions désirer le salut de l’humanité et le demander avec persévérance et avec confiance au Seigneur qui est grand dans l’amour.

L’école de prière de Benoît XVI / extraits (carmel.asso.fr)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

Print Friendly, PDF & Email

Auteur/autrice

Partager sur:

Dernières publications