Morceaux choisis – 684 / Marion Muller-Colard

Marion Muller-Colard

Le lieu sûr de ma paix est une soif inassouvie, un élan, un sursaut. Ce lieu sûr est une traversée, l’appartenance à l’espèce nomade à qui jamais rien n’appartient. Le lieu sûr de ma paix est ce plus grand que moi, cet Autre qui me saisit et que je ne saisis pas, qui m’inspire et m’aspire au-delà de moi-même, au-delà de ce dilemme tourbillonnant de tout vivant, pris entre l’effroi de la mort et l’acceptation de ma finitude. Cette respiration du monde qui m’emprunte mes poumons que le temps d’une ronde, ce grand coeur têtu qui bat hors de ma poitrine et qui prend le relais de mon arythmie, mon lieu sûr, hors de moi, est celui dont saint Augustin disait: Mon âme est inquiète jusqu’à ce qu’elle repose en Toi.

Marion Muller-Colard, L’intranquillité (Bayard, 2016)

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