Une étreinte de feu – 84 / Pierre Teilhard de Chardin

Pierre Teilhard de Chardin

Après Vous avoir aperçu comme Celui qui est un plus que moi-même, faites mon heure étant venue, que je Vous reconnaisse sous les espèces de chaque puissance, étrangère ou ennemie, qui semblera vouloir me détruire ou me supplanter. Lorsque sur mon corps (et bien plus sur mon esprit) commencera à marquer l’usure de l’âge; quand fondra sur moi du dehors ou naîtra en moi, du dedans, le mal qui amoindrit ou emporte; à la minute douloureuse où je prendrai conscience tout à coup que je suis malade ou que je deviens vieux; à ce moment dernier surtout, où je sentirai que je m’échappe à moi-même, absolument passif aux mains des grandes forces inconnues qui m’ont formé: A toutes ces heures sombres, donnez-moi, mon Dieu de comprendre que c’est Vous (pourvu que ma foi soit assez grande) qui écartez douloureusement les fibres de mon être pour pénétrer jusqu’aux moelles de ma substance, pour m’emporter en Vous.

Pierre Teilhard de Chardin, Prière, dans: Anselm Grün, L’art de bien vieillir (Albin Michel, 2008)

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