Cristina Kaufmann
La nuit comme le jour illumine – VIII
Le silence est l’ambiance où naissent les attitudes fondamentales de la personne et où croissent les expériences vitales: l’amour, la justice, la paix, la sagesse, la joie, la force, le courage, la solitude, la pauvreté, la gratitude. Mais la peur, la terreur, la tristesse, la douleur, ont également leur racine dans le silence. Face à Dieu, l’oraison, l’adoration, la communion avec Lui, la révérence, la confiance, la fidélité, ne sont pas possibles sans le silence. La liberté personnelle – don le plus haut que l’être humain a reçu – vit, croît, est féconde dans la mesure où elle se laisse imprégner par le silence, la sereine présence à soi qui rend possible le don aimant à l’autre.
Il est seulement possible de parler, de dire vraiment quelque chose depuis le silence, en suscitant dans le silence de l’autre la parole de communion d’amour, unique parole véritable entre des personnes faites à l’image de Dieu. Le silence est l’accès au mystère de l’autre, il suscite intensité et recueillement et non pas dispersion et division entre les sujets parlants. Le silence authentique rapproche les personnes dans l’amour, tandis que la parole superficielle et creuse éloigne, parce qu’elle fait obstacle avec son bruit à la communication. De plus, aucune parole n’est apte à exprimer l’ineffable. Le silence peut dévoiler, insinuer, c’est la vive flamme de l’intelligence.
Eric de Rus, Cristina Kaufmann – Une existence épiphanique (Ad Solem, 2013)
image: Carmel du Pâquier, Suisse (carmel-lepaquier.com)