Morceaux choisis – 185 / Martin Luther

Martin Luther

Certains aiment Dieu d’une façon très imparfaite. Avides de consolations, ils ne cherchent dans la piété que leur avantage. Loin d’aimer Dieu et de Le louer pour Sa bonté, ils songent d’abord à eux-mêmes. La seule chose qui les intéresse, c’est l’importance des bienfaits dont Dieu les comble, c’est la mesure dans laquelle Il leur témoigne Sa bienveillance d’une façon sensible et palpable. Ils Le glorifient et Le célèbrent dans la joie aussi longtemps qu’ils jouissent de Ses consolations. Mais Dieu vient-Il à se cacher, à moins prodiguer Ses bontés, permettant qu’ils se sentent nus et misérables? Aussitôt, c’en est fini de leur amour et de leur louange, car ils sont bien incapables d’aimer et de louer la bonté de Dieu d’une façon désintéressée, alors qu’ils n’en voient ni n’en ressentent, momentanément, les manifestations.

Ils montrent bien par là que ce n’est pas véritablement en Dieu, leur Sauveur, que leur esprit a tressailli. Ils n’ont pas aimé et loué la bonté de Dieu comme il se doit, c’est-à-dire en elle-même et pour elle-même. Ils ont apprécié le salut plus que le Sauveur, les dons plus que le Rédempteur, la créature plus que le Créateur. Car ils sont incapables de garder les mêmes sentiments de piété dans l’indigence comme dans la prospérité, dans la pauvreté comme dans la richesse.

Comblée par Dieu de grâces exceptionnelles, Marie ne s’attache pas aux biens reçus, elle ne cherche pas à en retirer un avantage personnel. Non, elle garde un coeur pur, désireux seulement de louer la bonté de Dieu en elle-même et pour elle-même. Comblée des honneurs les plus inouïs, elle ne se laisse pas éblouir par eux. Elle fait comme si elle ne les voyait pas et continue à suivre, sans dévier, le chemin tracé par Dieu.

La foi seule est à l’origine de sa joie. Marie ne s’arrête pas aux faveurs sensibles dont elle est l’objet. Elle exulte en Dieu, son Sauveur que la foi seule lui révèle. Le coeur de Marie est le parfait modèle des coeurs droits, humbles et dépouillés, qui ont faim de Dieu et qui Le craignent.

Martin Luther, Commentaire sur le Magnificat (Salvator, 2014)

image: http://liberationtheologylutheran.blogspot.ch

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