Ce Dieu inutile – 2

Charles Delhez

Ce Dieu inutile – II

Pour comprendre qui est Dieu, il faut une âme d’artiste, un coeur d’amoureux. Il faut accepter de passer des heures à regarder, à considérer, à s’émerveiller et, comme l’amateur de trésors, être prêt à cette folie de tout vendre pour acheter la perle rare. Démence? Oui, pour qui n’est jamais tombé amoureux d’une perle précieuse. L’homme n’est-il pas cet être un peu fou capable de tels gestes? Il est impossible de connaître Dieu s’il n’y a en nous que calcul et raison. Avec l’homo sapiens apparaît un brin de folie dans le cosmos si bien organisé. La démesure et l’excès font leur entrée. On nous a trompés en ne nous présentant de l’homme que son côté raisonnable. L’art et l’amour sont expression d’autre chose, tout aussi essentielle, et qui tient plus de la folie que de la raison.

Quoi d’étonnant dès lors que la foi soit inutile et gratuite? Si Dieu était un produit de consommation, Il serait trop utile pour être digne de l’homme. Dieu est inutile. Voilà pourquoi Il est essentiel. La prière est alors espace de gratuité. La célébration est temps qui coule pour Dieu, en pure perte. Jésus a coupé court aux remarques de Judas qui s’offusquait de voir un si bon parfum gaspillé. Etre homme, c’est être capable d’un tel gaspillage. Seul dans le concert de la création, il est capable d’une telle folie.

Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)

image: Charles Delhez (cathobel.be)

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