Chemins de traverse – 534 / William Shakespeare

William Shakespeare

Maintenant, à nos jeux montagnards,
Grimpez sur les hauteurs!
Vos jambes sont jeunes,
Moi, je reste dans la vallée.

Considérez quand de là-haut vous me verrez
Petit comme un corbeau,
Que c’est la position qui amoindrit ou agrandit,
Et vous réfléchirez à ce que je vous ai dit
Sur les Cours et les princes,
Les brigues de la guerre,
Où le service n’est pas service
Parce qu’il est accompli,
Mais parce qu’il passe pour l’être.

A voir les choses ainsi,
Nous tirons un profit de tout ce que nous voyons.
Et souvent, pour notre consolation
Nous constaterons que le scarabée
Est plus en sûreté à l’abri de ses élytres
Que l’aigle avec ses ailes déployées.

Oh! cette vie est plus noble que d’être courtisan
Pour n’obtenir que rebuffades,
Plus riche que de s’activer
A des riens dans l’attente d’un rien,
Plus fière que se pavaner
Dans des soies froufroutantes
Que l’on n’a pas payées.

On y gagne l’estime de son tailleur,
Mais il n’annule pas vos dettes.
Non, ce n’est pas une vie
Au regard de la nôtre.

William Shakespeare, Cymbeline, dans: Comédies, vol. 3 (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 2012)

Print Friendly, PDF & Email

Auteur/autrice

Partager sur:

Dernières publications