Morceaux choisis – 1078 / Claudio Montale

Claudio Montale

Voici la servante du Seigneur; que tout m’advienne selon ta parole (Lc 1, 38)

Sans user ni abuser d’arguments théologiques – d’autres s’en acquitteraient avec davantage de pertinence – il faut bien reconnaître que dans la vie de tous les jours, la relation entretenue avec la Vierge Marie peut être complexe: entre les chrétiens qui la vénèrent et s’agenouillent devant sa représentation sans le faire en face du Tabernacle, et ceux qui lui confient ce qu’ils n’oseraient partager avec Jésus, la piété populaire peut nous interpeller…

Il est vrai que cette maman du ciel est souvent, dans notre inconscient, juxtaposée à la maman de la terre, notre mère biologique. L’une peut nous renvoyer à l’autre, que nos relations filiales soient vécues sous le signe de l’harmonie, ou au contraire de la discorde, du traumatisme, du manque d’amour.

Notre spiritualité mariale en est parfois longtemps affectée et par là même risque d’altérer notre foi en profondeur. Que faire alors de ces équivoques, afin d’être greffés à la vigne vivifiante? Cultiver le temps perdu par la prière constante avec patience et persévérance peut nous pousser dans la bonne direction. Le métropolite Antoine Bloom ouvre pour nous une fenêtre salutaire: C’est une joie de pouvoir témoigner de ce qui me frappe, de ce qui me va droit au cœur, de ce qui, de façon quelquefois fulgurante, pour un instant ou pour toujours, nous impressionne dans le contexte et les situations dans lesquelles on vit. Ce témoignage de ce que nos yeux ont vu, de ce que nos mains ont touché, de ce que nos oreilles ont saisi, le témoignage de ces choses qui ont éclairé notre entendement, approfondi notre cœur, donné une direction à notre volonté, ont atteint jusqu’à notre corps, le rendant plus obéissant à la grâce… (La prière vivante)

Alors oui, sans oublier que le temps de Dieu n’est pas celui des hommes, quelle que soit notre appartenance religieuse, nous commencerons peut-être sans nous hâter – avec le secours de l’Esprit Saint – à regarder la Mère de Dieu sans sentimentalisme inapproprié ni dévotion excessive, à mieux entrer dans le mystère de la Reine du Ciel qui nous prend par la main, chaque jour, pour nous conduire auprès de son Fils: sa mission silencieuse auprès de tous ces débutants que nous sommes…

Saint Bernard de Clairvaux, qui a écrit d’admirables pages sur la Sainte Vierge, nous éclaire à la croisée des chemins: Au lieu de nous montrer surpris à la vue de Marie montant, inondée de délices, de la terre déserte, nous devrions admirer plutôt que le Christ soit descendu, pauvre, de la plénitude de son royaume. Il me paraît autrement prodigieux de voir le Fils de Dieu s’abaisser un peu au-dessous des anges, que de voir la Mère de Dieu exaltée, au-dessus d’eux. L’anéantissement du Christ est devenu notre plénitude, et son dévouement fait les délices du monde! (Oeuvres mystiques)

Claudio Montale, Marie et l’oraison du coeur (presse.saint-augustin.ch)

image: Le Titien, Santa Maria Gloriosa Dei Frari / détail – Venise, Italie (en.artsdot.com)

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