Seigneur, apprends-nous à prier – 26

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – XXVI

Le premier pas de chaque prière chrétienne est l’entrée dans un mystère, celui de la paternité de Dieu. On ne peut pas prier comme des perroquets. Ou tu entres dans le mystère, dans la conscience que Dieu est ton Père, ou tu ne pries pas. Si je veux prier Dieu mon Père, je commence à entrer dans le mystère.

Aucun de nous n’a eu des parents parfaits, aucun; de même que nous, à notre tour, ne serons jamais des parents, ou des pasteurs, parfaits. Nous avons tous des défauts, tous. Nous vivons toujours nos relations d’amour sous le signe de nos limites et aussi de notre égoïsme. C’est pourquoi elles sont souvent polluées par des désirs de possession ou de manipulation de l’autre. Pour cela, parfois, les déclarations d’amour se transforment en sentiments de colère et d’hostilité. Voilà pourquoi, quand nous parlons de Dieu comme père, alors que nous pensons à l’image de nos parents, en particulier s’ils nous ont aimés, dans le même temps, nous devons aller au-delà. Parce que l’amour de Dieu est celui du Père qui est aux cieux, selon l’expression que nous invite à utiliser Jésus: c’est l’amour total auquel nous goûtons dans cette vie uniquement de façon imparfaite. Les hommes et les femmes sont d’éternels mendiants d’amour. Ils cherchent un lieu où être enfin aimés, mais ils ne le trouvent pas. Combien d’amitiés et combien d’amours déçus y a-t-il dans notre monde? Combien de fois nous, hommes, avons aimé de cette façon si faible et intermittente. Nous en avons tous fait l’expérience: nous avons aimé, mais ensuite, cet amour a disparu ou s’est affaibli. Désireux d’aimer, nous nous sommes ensuite heurtés à nos limites, à la pauvreté de nos forces: incapables de maintenir une promesse qui, aux jours de grâce, nous semblait facile à réaliser. Il y a toujours cette faiblesse qui nous fait tomber. Nous sommes des mendiants qui, sur le chemin, risquent de ne jamais trouver complètement ce trésor qu’ils cherchent depuis le premier jour de leur vie: l’amour.

Mais il existe un autre amour, celui du Père qui est aux cieux. Personne ne doit douter d’être destinataire de cet amour. Il nous aime. Il m’aime, pouvons-nous dire. Même si notre père et notre mère ne nous ont pas aimé – une hypothèse historique – il y a un Dieu dans les cieux qui nous aime comme personne sur cette terre ne l’a jamais fait et ne pourra jamais le faire. L’amour de Dieu est constant. Le prophète Isaïe dit: Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. Vois, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains (49, 15-16). Ainsi, je suis dans les mains de Dieu. Son amour est comme l’amour d’une mère, que l’on ne peut jamais oublier. Voilà l’amour parfait de Dieu. C’est ainsi que nous sommes aimés de Lui. Même si toutes nos amours terrestres s’écroulaient et s’il ne nous restait que de la poussière dans les mains, il y a toujours pour nous tous, ardent, l’amour unique et fidèle de Dieu.

Dans la faim d’amour que nous ressentons tous, ne cherchons pas quelque chose qui n’existe pas: celle-ci est en revanche l’invitation à connaître Dieu qui est notre Père. La conversion de saint Augustin, par exemple, est passée par cette ligne de crête: le jeune et brillant orateur cherchait simplement parmi les créatures quelque chose qu’aucune créature ne pouvait lui donner, jusqu’à ce qu’un jour, il eut le courage de lever le regard. Et ce jour-là, il connut Dieu, le Dieu qui aime.

Pape François, Catéchèse sur le Notre Père / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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